Millepertuis
Synonymes: Herbe de la Saint-Jean, Herbe aux mille trous, Chasse-Diable, Ambre, Herbe de la Klamath (Etats-Unis)
Nom scientifique: Hypericum perforatum L.
Familie: Hypericacées ou Clusiacées
Habitat naturel:
Ingrédients: Huiles essentielles, flavonoïdes, résines, tanins, hypéricine.
Description
Le Millepertuis, on le reconnaît sans hésiter à ses petites marques. Tenues en contre jour, ses fleurs d’un beau jaune or laissent apercevoir des petits points de couleur claire : ce sont des réservoirs de sécrétion contenant un liquide formé d’huiles essentielles et de résine. Au frotter, ces mêmes fleurs expriment un suc rouge sang, couleur caractéristique de l’huile de Millepertuis. Cette étonnante métamorphose du jaune au rouge provient de la décomposition à la lumière et à l’oxygène de certains constituants des pétales. Le Millepertuis de plusieurs années d’âge peut atteindre 90 cm de hauteur. Ses tiges très ramifiées et ligneuses commencent à se recouvrir entre mai/juin et août/septembre d’une profusion de fleurettes à cinq axes richement dotées de glandes huileuses. Cette plante à forte teneur en huile se trouve souvent en bordure des chemins, près d’une digue, des lisières de champs, dans les forêts peu denses et les fourrés, en un mot, partout où le soleil, vital pour sa croissance, peut briller de ses feux.
Utilisation
Paracèlse était convaincu de l’action cicatrisante, antiseptique et éliminatrice du Millepertuis. Pour lui, les perforations aux allures de pores des pétales devaient faire du Millepertuis une aide, tant interne qu’externe, pour les endroits ouverts de la peau, comme on le voit d’ailleurs dans le pouvoir stimulant de la plante sur l’élimination par les pores.
En fait, le Millepertuis favorise la circulation sanguine et introduit les processus de reconstruction et de nutrition dans la sphère neurosensorielle.
Ses vertus apaisante, antalgique et cicatrisante en font un remède préconisé pour les affections cutanées dues aux agressions climatiques, comme gerçures et irritations accompagnées de rougeurs mais aussi en cas de brûlures légères. Névralgies, rhumatismes, sciatiques et entorses sont vite soulagés si on frictionne la peau avec cette « huile rouge ». Les brumes du moral se dissipent aussi sous l’effet interne du Millepertuis, et l’énurésie, dont l’origine est presque toujours psychique, peut aussi en bénéficier.
Photosensibilisation ?
C’est une question qui revient toujours à propos du Millepertuis. Le fait est que, sous l’action interne du Millepertuis, la peau réagit vivement au soleil.
En tous les cas, c’est ce que l’on a pu observer sur des ruminants à peau claire ayant absorbé beaucoup de millepertuis : apparition d’éruptions cutanées et formation de vésicules. Chez les êtres humains, de tels effets, si toutefois ils existent, ne se produisent qu’en cas de surdosage drastique de produits à base de Millepertuis. La photosensibilisation n’est donc qu’un phénomène rare si le Millepertuis est utilisé en externe, par exemple, sous forme d’huile. Bien au contraire, dans ce cas, il soigne et apaise la peau après un coup de soleil.
À savoir
Les termes scientifiques du Millepertuis, « Hypericum », du grec « hyper » = sur, et « ericos » = image, auraient pour origine le fait qu’on peut voir au travers des petits réservoirs de sécrétion translucides des pétales. Nombreuses sont les légendes tournant autour du Millepertuis. Certaines le présente comme né du sang versé par Saint-Jean-Baptiste ou bien d’une plante que celui-ci aurait cueillie sous la croix du Christ. Quant à son nom vernaculaire Herbe de la St-Jean, il remonterait aux Croisades, au cours desquelles il était déjà utilisé comme cicatrisant des plaies par les médecins et les Frères de l’Ordre de Jean, dont le patron est justement St-Jean-Baptiste. Et d’où viennent les « mille trous » ? Du Diable - qui, jaloux de la force guérisseuse de la plante en a transpercé toutes les feuilles avec son aiguillon! Ce que viennent confirmer les points noirs des glandes oléagineuses qui apparaissent sur les feuilles tenues à la lumière comme autant de coups d’aiguille…
Les peuples germaniques voyaient dans le suc rouge que les pétales libèrent au frotter le sang de Baldur, divinité du Soleil qui se sacrifiait à la Terre à chaque solstice de l’été. Plus que toute autre, le Millepertuis est une plante solaire faisant partie des herbes magiques du solstice de l’été : trois jours après celui-ci (le 24 juin), il est gorgé de soleil et est au plus beau de sa floraison et au maximum de son pouvoir guérisseur.
En effet, c’est à la St-Jean que la lumière du jour atteint son maximum et que les épousailles du Soleil et la Terre battent leur plein. Cette alliance de la lumière avec la terre, de l’esprit avec la matière est fêtée depuis l’aube des temps. Encore aujourd’hui, les feux de St-Jean illuminent chaque année la nuit du solstice de l’été.
Un autre pouvoir attribué au Millepertuis est de faire fuir les démons, d’où ses surnoms Chasse-diable ou fuga daemonum. Il suffit de l’accrocher comme autrefois au-dessus des portes et des fenêtres des maisons, des écuries et des étables pour détourner l’orage et le mauvais sort…
La Plante vue autrement
Fleur jaune or couronnant une tige tendue vers le soleil, le Millepertuis forme son maximum de constituants lors du solstice d’été. C’est à ce moment qu’il semble exprimer tout son être solaire. Inflorescence luxuriante contrastant avec un côté ligneux et sec, la partie située entre la fleur et la nouvelle pousse a tendance à se recroqueviller, à se dessécher. On en déduit un caractère « formateur » qui rappelle à l’ordre ce qui se trouve dans une forme trop fluide. C’est entre ces deux pôles antinomiques que le Millepertuis, ancienne plante médicinale, fait agir ses vertus guérisseuses : solaire, il permet de chasser tout ce qui fait « ombrage » dans l’être, aidant ainsi sur le plan interne (états dépressifs) et externe (coups de soleil) ; rappeleur d’ordre, il est un remède pour tous les processus de construction des organes neuro-sensoriels, que ce soit comme cicatrisant ou euphorisant naturel.